Mad Ol' Buzzard!

Nick Cave and the Bad Seeds (Forest National 01/05/08)

Enfin!

Après une invraisemblable, une interminable cargaison de concerts tous plus décevants les uns que les autres (ou tout juste "satisfaisants", cfr. Black Francis ou même les Dropkick Murphys) voilà donc enfin une soirée où j'en ai eu véritablement pour mon argent (et ce n'était pourtant pas bon marché, évidemment).

Nick Cave!
En concert à FOREST (Mille fois maudits!), pourtant!
Forest où j'avais d'ailleurs juré de ne plus jamais mettre les pieds.
Enfin, passons...
On va pas dire non plus que la salle ait joué pour beaucoup dans la réussite de la soirée, ni qu'on a goûté particulièrement aux lois du flicage en règle et des tarifs prohibitifs en vigueur dans l'arène bruxelloise, bien entendu, mais baste!...

Le concert était très bien et c'est ce qui compte.
Ou presque...

On peut même dire qu'ils ont retenu les leçons du passé: pour éviter de me retrouver relégué dans les gradins comme c'était le cas les deux dernières fois j'avais fait l'effort de venir très tôt (or il n'y a rien que je déteste plus que de faire le pied de grue dans l'attente d'un concert) et cela c'est avéré complètement inutile car le parterre est resté accessible durant toute la soirée.
Pas plus mal...

Nous aurons l'amabilité (pour ne pas dire la charité) de passer sous silence la première partie; trois espèces de chanteurs de bal déguisés en cow-boys (ou en Laura Ingalls; y avait une fille) massacrant un répertoire de country-lounge pour fin de banquets de province, probablement ce qu'il m'a été donné de voir (et surtout d'entendre) de pire depuis que je fréquente les salles de concert (c'est à dire depuis 1984, mazette!)

Nous ne retiendrons donc que la prestation fiévreuse et positivement emballante du clou de la soirée (c'est le cas de le dire): Nicolas Grotte et ses Mauvaises Graines!
Nicolas Grotte, ce vieux con de corbeau à nez de cochon qui n'est jamais aussi bon que quand il joue à l'Ogre de Carnaval, comme dans Grinderman, par exemple (qui seront à Werchter alors qu'il n'était au départ pas question de concerts, vendus!)!
Grinderman, son fameux side-band qui a fortement influencé les compositions de son dernier album solo en date, l'excellentissime "Dig, Lazarus! Dig!".

Dernier album auquel était consacrée la part congrue du concert de mercredi avec pas moins de 8 morceaux sur les 18 interprêtés ce soir-là avec pétulance et fracas.
On se doutait que l'opus en question était taillé pour la scène, on en a eu la confirmation à travers des versions du feu de Dieu de "Dig, Laazarus! Dig!", "More News for Nowhere" ou bien entendu "Lie Down Here (and be my girl)" pour n'en citer que quelques uns...

Nick Cave tient une forme olympique, tant du point de vue vocal que de la présence scénique ou de la manière dont, désormais, il communique avec le public, dans une ambiance qu'on irait presque jusqu'à qualifier de "bon enfant"...
Et les Bad Seeds ne sont pas en reste, moulinant comme des sauvages, donnant de chaque morceau une interprétation décalée juste ce qu'il faut pour rendre le concert toujours captivant, le tout dans un écrin visuel (demi-cercle, ambiance bleutée et écran géant avec projections) qui achève de rendre la prestation plus qu'agréable, presque touchante... Bien que rock'n'roll et tendue comme un slip, c'est peu de le dire!

Les vieux morceaux ne sont pas en reste, avec une set-list qui s'équilibre joliment entre "tubes" ("Deanna", "The Ship Song"...), classiques dépoussiérés ("Tupelo") et vieilleries beaucoup plus improbables ("Hard On for Love", en final).

On regrettera juste qu'une fois de plus - au vu des set-lists des précédentes dates à Marseille ou Amsterdam, par exemple - Bruxelles ait fait figure de "date pauvre" de la tournée, celle où l'on se réserve un peu pour la suite, en profitant pour en faire un peu moins, pour jouer moins longtemps...

Mais eut égard à la quasi-perfection de la soirée, tout cela n'est que chipot, finalement...

Sacré vieux lui!