Tuesday, May 29, 2007



Journal de Bord du Capitaine

Coéfficient espace-temps: France 10-11-12/05/2007

Jour 3: Toulouse (Le Burgaud)

Quand on y pense, c'était quand même quatre belles journées de vacances.
Et surtout celle-là...

Réveillés pas trop tard mais avec quand même sur la tête une solide casquette (n'est-ce pas Gaston?) nous nous sommes comme prévu dirigés vers la mer (enfin, un lac salé ou un truc du genre, faudrait demander au locaux... Bref, une étendue d'eau, quoi. Les Etangs d'Ixelles mais en plus grand) en compagnie de nos hôtes Charly et Hélène afin d'y manger des huitres et autres produits de la mer (ou des Etangs d'Ixelles, enfin, vous m'avez compris).
Et tout ça cette fois-ci sous un cagnard pas possible, succeptible de nous extorquer à tout moment la dernière goutte d'eau présente dans notre organisme et par là d'accentuer douloureusement notre gueule de bois.
Saloperie!

Mais bon, ne boudons pas notre plaisir: les huitres étaient fameuses et leur iode additionné de vin blanc nous a sérieusement retapés (sauf certains qui n'aiment pas "le poisson et tout ce qui va avec").
Curiosité locale: la tièle!
Une sorte de pâté en croûte composé de calmars.... Oui, de prime abord ça étonne mais en réalité c'est une pure merveille!
Par contre, les énormes moules crues rouges-orangées, surtout un lendemain de cuite, faut s'accrocher!
Mais nous nous accrochâmes.
Et c'est donc requinqués que nous quittâmes à regret nos charmants compagnons afin de nous diriger vers la banlieue toulousaine...

Et qu'il me soit permis ici de chanter une fois encore une ode au GPS, cette merveille des temps modernes!
Parce que sans ce petit appareil et malgré tout la bonne volonté d'Antoine-le-Chauffeur, je ne vois pas vraiment comment nous aurions déniché cette fameuse "salle des fêtes" paumée dans le trou-du-cul de Nowhere Land!
Alors que là, hop!, les doigts dans le nez!
On est arrivés pile-poil pour le pastis, dites donc!

Première prise de contact avec les organisateurs et les membres des autres groupes (tous locaux) et force est de reconnaitre que les gens du sud-ouest sont décidément des personnes charmantes.
Rien que pour l'anecdote: notre concert à Toulouse était organisé par un groupe local (OpeNightmare, pour ne pas les nommer) mais dans un tout autre endroit.
Le concert annulé, ils ont fait des pieds et de mains pour nous trouver une autre date et finalement nous caser à l'affiche du festival où nous jouons ce soir.
Ils se sont même côtisés pour nous payer le déplacement!
Et les autres groupes à l'affiche ont accepté d'écourter leurs sets respectifs pour nous permettre de nous intercaller!
Si c'est pas magnifique, ça?

Pour le reste, pas d'arrière-salle de café ce soir mais une (trop) grande salle, très bien équipée: sono, lightshow, projections, écran géants...
Un peu de mégalomanie, peut-être? (ça me rappele un truc, d'ailleurs... Mais non... Il y a des choses dont il vaut mieux ne plus parler).
Parce que point de vue public - peut-être est-ce à cause de la finale de la Coupe - c'est quand même un peu clairsemé.
Enfin, pour être honnête c'est quand même le soir où il y aura le plus de monde mais vu la taille de la salle ça paraissait disons... quelque peu dilué...

Après le soundcheck effectué par Fred pour ces rigolos de B'Sides (dont le batteur était en retard) et un ou deux verres de punch maison, nous voici à pied d'oeuvre pour le dernier concert - déja! - de cette trop courte tournée!
Pas grand'chose à en dire si ce n'est qu'a cause de la hauteur de la salle et de la présence de barrières Nadar (Euh? Pour contenir les quatre personnes qui s'étaient aventurées devant? Ah ah!) je n'ai pas vraiment pu descendre dans le public et faire de mon Jacques comme à mon habitude mais que je me suis rattrapé en cassant mon quatrième pied de micro de l'année! Fragile ces petites choses-là!

A part ça, rien à signaler... Bon son, public peu nombreux mais participatif (surtout un)... La routine, quoi... Arf!

Et c'est après avoir assisté au sympathique set de nos nouveaux amis toulousains (les B'Sides, donc) que nous nous sommes remis en route - direc' - pour rejoindre notre riante Belgique (comme pour l'aller, à peine dépassé Bourges, bardaf!, la drache sur nos gueules).

C'est donc crevés mais contents comme tout que nous avons rallié Bruxelles dimanche dans l'après-midi.

En nous disant que ce serait bien d'inviter tous ces sympathiques jeunes gens (Sick to the Bones, Illegal Process, B'Sides, OpeNightmare) à venir faire bling-bling un de ces jours chez nous. Histoire de renvoyer l'ascenseur...

En attendant que nous remettions le couvert.
Cette fois-ci vers la Bretagne...

Wednesday, May 23, 2007



Journal de Bord du Capitaine
Coéfficient espace-temps: 10-11-12/05/2007
Jour 2: Montpellier
C'est donc sous un soleil de plomb que nous nous sommes mis en route en ce deuxième jour pour ralier Montpellier.

Après un rapide arrêt pour un petit déjeuner à la française (ouais: des oeufs et du bacon! Qu'est-ce qu'on va se faire chier avec des croissants? Mouarf!) et pour goûter à la légendaire amabilité des commerçants français ("vous croyez que j'ai que ça à faire?" nous sussure à l'oreille la délicate préposée aux oeufs sur le plat. Euh? Ben, oui, pourquoi?), nous voilà partis pour une cahotante mais sympathique traversée des plateaux de l'Aveyron et du Larzac (José Bové POWA!!!).
Comme les distances entre les étapes ne sont pas trop longues,nous en profitons pour jouer aux touristes et pour admirer l'impressionnant Viaduc de Millau (dans lequel il y a de l'acier vendu par Gourou, comprenne qui pourra...).
Et de camion en bourriche nous finissons par arriver à Montpellier aux alentours de... oh! bien trop tôt pour le concert, en tout cas...

Un arrêt dans un magasin d'instruments de musique local (pour acheter des cordes de basse) nous fait découvrir l'affiche réalisé pour notre concert du jour...
Youpi! nous disons-nous: la promo a été faite, nous allons avoir du monde!
Hélas! Nous allons bientôt devoir déchanter!

Déja la salle, enfin le café où nous allons jouer est bizarre: PMU la journée, café-concert rock'n'roll le soir...
Ensuite, Charlie, le bassiste d'Illegal Process - qui organise - est bien sympathique mais il nous avoue lui-même que le concert s'est organisé à l'arrache!
Et que, d'après les nouvelles règles de l'endroit, nous devons avoir fini de jouer à 22h.
Dans une ville ou les gens sont réputés pour ne commencer à sortir qu'assez tard dansla soirée, ça promet!

Et en effet: après le set des 64's/69's, un groupe local qui propose un rock garage mâtiné de psycho (reprise des Cramps à l'appui) nous entamons notre prestation dans un Bar des Lilas des plus clairsemé!

Trente minutes plus tard, l'affaire est bouclée pour un gig qui comme la veille aura beaucoup plu... mais à de moins en moins de monde!
Et, comble de la frustation, ce n'est qu'un quart d'heure après notre descente de scène que le vrai public local se manifeste, tout dépité d'avoir manqué le concert...
Incroyable mais vrai!
Faut avouer qu'il y a de quoi râler, quand même!
Heureusement, Charlie et sa charmante compagne Hélène se rattraperont sur l'hospitalité et ce n'est que tard dans la nuit et largement abreuvés de Matteüs rosé et de 1664 que nous irons nous coucher, après avoir relégué Lemmyke dans la camionnette pour pouvoir dormir tranquille (wééé, allez, c'est pour de rire, hein).
Car demain, avant le départ pour Toulouse, la mer et les huitres se sont invitées au programme...
Mmmmm... Allez! Vivement bientôt, tiens!

Monday, May 21, 2007



Journal de Bord du Capitaine
Coéfficient espace-temps: France 10-11-12/05/2007


Jour 1: Clermont-Ferrand

Le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas une mince affaire que d'organiser des concerts (et à fortiori une tournée, fût-elle même "mini") au pays du pinard et du ska festif!

Toutes ces histoires d'assoc' (comme ils disent là-bas) devant servir d'intermédiaire entre la salle et le groupe même pour le plus petit concert compliquent salement les choses et en décourageraient plus d'un.

Mais pas Gourou!
Qui de ses gros doigts a fracassé son petit clavier, multipliant les mails aux organisateurs, membres d'associations, propriétaires de salles et caberdouches divers jusqu'a ce qu'on soit en mesure de jouer au moins trois jours de suite!
Quatre au départ mais le concert du dimanche à Paris fût annulé en dernière minute.
Quand on vous disait que c'était compliqué...

Bref, bref, en ce matin du jeudi 10 mai, nous voilà sur le pied de guerre devant le logis brainois de notre camarade Antoine* qui a fort sympathiquement accepté de nous servir de roadie/chauffeur/photographe/pourvoyeur en vannes diverses le temps de cette courte mais, une fois de plus, formidable aventure...

Ca fait maintentant près d'une semaine qu'il drache dur le sol belge et on se dit qu'une escapade, si brève soit-elle, dans le sud-ouest ensoleillé de la France ne sera vraiment pas du luxe.
De petites vacances en avance, en quelque sorte...

Et en effet, à peine avons nous dépassé Paris que le ciel s'éclaircit et que le soleil pointe le bout de son nez.
La très belle (bien qu'assez vieille) camionnette loué grâce à nos camarades de Rise and Fall a beau être plus vaste et plus confortable (il y a même des couchettes) que celle que nous avions loué pour aller à Berlin, elle présente malgré tout un gros désavantage: il y fait très chaud.
Et l'absence de fenêtre que l'on puisse ouvrir à l'arrière rend le voyage quand même assez pénible à partir d'un certain niveau d'ensoleillement.
Enfin, bon, on va pas se plaindre.
A Bruxelles c'est tempête et trombes d'eau!
Rions, plutôt, c'est l'heure... L'heure de se gausser de nos petits camarades restés au pays. Ah ah!

En attendant et malgré les multiples arrêts dans des stations-services qui sur l'espace de ce long week-end deviendront en quelque sorte nos deuxièmes maisons, nous avalons les kilomètres et arrivons en vue de Clermont-Ferrand aux alentours de 19h/19h30.
Un dernier bref arrêt pour admirer les volcans d'Auvergne tout de brûmes enveloppés (Achtung! Lyrisme! Poésie!) et nous entrons dans la ville, curieuse cité industrielle toute encaissée et construite en gradins que surplombent la cathédrale.

Grâce au GPS (quelle formidable invention!) nous arrivons sans encombres Place de la Liberté pour constater que "L'Escapade" où nous jouons ce soir est un assez vétuste café-snack muni d'une petite scène en arrière salle.
Nous faisons bien vite connaissance du Gentil Organisateur Damien (chez qui nous allons loger ce soir) ainsi que de nos camarades d'affiche: les locaux des Sedateds et surtout les forts sympathiques Sick to the Bones (de Lyon) et Saltslide (from London) qui tournent ensemble depuis quelque temps.
Le temps de débarquer le matériel et nous voilà parti pour une promenade appéritive dans les rues de la ville. Laquelle confirme notre première impression: elle est bizarre et pas très jolie.
Mais bon, le plaisir d'être en terrasse, au soleil et loin des tracas bruxellois l'emporte sur le côté un peu morne de cette première visite.

Le set du soir est fort plaisant.
Le public n'a pas répondu en masse, on ne va pas se raconter de salades mais bon, il y a quand même des gens et il répondent au concert de manière on ne peut plus positive.
Les commentaires de troisième mi-temps et la vente de CD prouveront que notre prestation a été fortement appréciée.
C'est d'autant plus cool que c'est la seule fois que l'on aura l'occasion de jouer le set complet, faute de temps.

Saluons également les gigs de nos collègues lyonnais (même s'ils n'étaient visiblement content ni d'eux mêmes ni de l'organisation) et surtout des londoniens de Saltslide qui dans un registre très différent du nôtre - plus noisy et plus metal - ont livrés une prestation impressionnante de puissance et de cohésion.

Aprè avoir essuyé les reproches du propriétaires du café quant à la propreté relative de la salle après notre passage (les bières volent souvent aux concerts de Sport Doen, c'est bien connu) nous nous en fûmes retrouver notre logis d'un soir pour y goûter une bonne nuit de sommeil réparateur (quoi que, vu les ronflements de certains, c'est très relatif) avant d'attaquer les 300 et quelques bornes qui nous séparaient de notre prochaine destination: Montpellier!

Une toute bonne première journée, donc.

D'autant plus que, croyez-le ou non, nous avons vu Vercingétorix!




(*deuxième en partant de la gauche, ici devant le viaduc de Millau)

Sunday, May 06, 2007


Punk pas mort: Les 10 indispensables

(ou And Now, for Something Completely Different)

8.10. The Clash "London Calling"

Oui, je sais, on l'a déja dit - je l'ai même déja écrit moi-même - "London Calling" n'est pas vraiment un album punk.

En tout cas pas au sens premier du terme.

Et même au regard de la carrière de Clash (ou "des Clash" comme disent nos amis d'Outre-Quiévrain) en elle-même, ce n'en est pas vraiment un non plus.

Mais en fait, Clash est-il vraiment un groupe punk?

A ses débuts sans doutes...

Mais si les deux premiers albums ("The Clash" et "Give'em Enough Rope") s'en réclament fortement, c'est sans doute plus par esprit de rébellion, voire engagement politique que par réel choix artistique...

Car dès ce troisième opus (seulement), les multiples influences du groupe, déja présentes il est vrai à travers des titres comme "Police and Thieves", par exemple - commencent à prendre le dessus par rapport au côté férocement abrasif des albums précédents.

Bien sûr, des titres punks il y en a encore.

Mais pour être honnête, ils sont franchement minoritaires.
Ainsi, d'ailleurs que les chansons estampillées reggae (ou ska, ou dub) qui étaient précisément jusqu'ici leur autre marque de fabrique.

A côté de cela, sur ce qui était originellement un double album, nos amis Strummer/Jones et consorts effectuent un remarquable bond en avant en incorporant en quelque sorte l'esthétique punk à la mythologie rock'n'rollienne ("Brand New Cadillac") et aux racines de la musique moderne (jazz sur "The Right Profile", rockabilly sur "Wrong'em Boyo", pop sur "Lost in the Supermarket", etc.).
Bien sûr, certains des textes sont encore explicitement politiques ("London Calling", "Spanish Bombs" ou bien entendu "Guns of Brixton", le seul morceau écrit et composé par le camarade Simonon) mais il semblerait qu'en repoussant les barrières des styles ce soit ici sur le plan musical que le combat se joue.

Considéré par beaucoup comme une pierre angulaire de la musique rock, l'album - le premier réellement encensé par la critique et accepté par le grand public - sonne aussi en quelque sorte le glas du mouvement punk, dont il est issu.
Mais après tout, n'était-il pas normal qu'un mouvement dont le principal slogan était "no future" retourne à la poussière deux ans seulement après sa création?

Enfin, peut-on seulement parler de "London Calling" sans faire allusion à sa fameuse pochette?
Démarquage de celle du premier album d'Elvis Presley, la photo signée Pennie Smith et représentant Simonon fracassant sa basse sur scène est devenue une icône à part entière.
Mille fois copiée, jamais égalée, comme disait l'autre... (pour la petite histoire, la photo a été élue meilleure photographie rock'n'roll detous les temps par Q Magazine alors qu'au départ Pennie Smith ne voulait pas qu'on l'utilise, la considérant comme mal cadrée).

Bref, bref, bref, bref...

On l'aura compris: des paroles à la pochette en passant - inévitablement - par la musique, "London Calling" est devenu un album de référence. Un double album sans véritable concept mais dont l'éclectisme et la punk attitude font office de cri de ralliement.
Un album qui, par la somme de cultures et de styles qu'il arrive à brasser, sonne comme un classique indémodable, d'une modernité absolue, précurseur d'une certaine idée de la "musique du monde" - devenue depuis une bien vilaine expression par trop galvaudée - tout en ne reniant jamais son identité purement rock'n'roll.

Une perle.

Un classique.

Une légende!