Wednesday, December 06, 2006



Punk pas mort: Les 10 indispensables.

(ou And Now, for something Completely Different...)


6.10. The Stooges "The Stooges"

Proto-punk, Detroit Sound, garage rock...
Nombreuses sont les étiquettes accolées à la musique des Stooges et particulièrement à leur premier opus, brûlot enregistré en deux jours de juin 1969 sous la houlette de John Cale...

Véritable OVNI dans le paysage musical américain de la fin des années soixantes presque entièrement trusté par les productions "flower power" en vogue à l'époque, l'album éponyme d'Iggy Pop et ses sbires est une véritable bande-son du malaise post-adolescent dans laquelle l'homme alors connu sous le nom d'Iggy Stooge crache tout son mal-être et sa furie à travers des titres aussi emblématiques que "1969" ou "No Fun".

Bien que nettement traversé par des influences diversement affirmées (des Stones au Velvet en passant par les Troggs), "The Stooges" est un album au son unique, dominé par les riffs de guitare concis et brutaux d'un Ron Asheton visiblement très adepte du fuzz et de la wah-wah et soutenu par la rythmique rythm and blues de son frère Scott et du bassiste Dave Alexander.

Mais ce sont évidemment les glapissements rugueux d'Iggy (notre papa à tous, faut-il le rappeler?) et son attitude résolument déjantée, entre arrogance et confusion auto-destructrice, qui feront que les Stooges se hisseront au-dessus du lot et réussiront le tour de force de se transformer en un groupe à la fois précurseur et totalement hors du temps.

La production de Cale, qui ne semble pas avoir bien compris où ces charmants jeunes gens voulaient en venir, affaiblit paradoxalement le son du groupe sur disque.
Mais même lui n'arrive pas à empêcher des titres comme "Real Cool Time", "Little Doll" et bien entendu "I Wanna Be Your Dog" de se transformer en véritables missiles soniques dans un bouillonnement blues, rock et puissament tellurique qui n'est rien moins qu'impressionnant.

Empruntant de loin en loin - bien que de manière fort sombre et personnelle - à un psychédélisme bien dans l'air du temps ("We Will Fall", "Ann"), "The Stooges" diffuse sans avoir l'air d'y toucher une énergie brute et, quelque part, libératrice.
Celle d'un quatuor de jeunes américains visiblement dépourvus de répères mais certainement pas de talent qui amènera une génération de suiveurs à créer, un peu moins de dix ans plus tard, quelque chose qu'on appellera le punk.

34 minutes et à peu près autant de secondes, c'est le temps qu'il faudra à cet album poisseux, à la petite musique étrangement incidieuse pour jeter les bases d'une nouvelle conception du rock'n'roll.

Deux albums plus tard, minés par leur propre folie destructrice, les Stooges disparaitront. Dave Alexander mourra peu de temps après, les frères Asheton cachetonneront pendant pas mal d'années, Iggy Pop connaitra la carrière solo que l'on sait...

Mais malgré toutes les errances, les hauts et les bas, les succès comme les échecs et grâce entre autres à la force brutale de ce premier opus ils auront laissé derrière eux plus qu'une trace.

Quelque chose comme un héritage...

8 comments:

Sport Doen said...

Wéééé! J'ai réussi à placer "album éponyme". Ca vaut au moins 10 points au Grand Jeu de l'Imbécile Couillon de la Chronique Rock!

La prochaine fois j'essaye de place "combo".

Anonymous said...

de dire une connerie sur internet


(oui, je sais, back 2 work...;-)

Anonymous said...

au fait, cool article. respais.

Anonymous said...

Et j'ai mis aussi deux fois "opus".

+20 points!

Anonymous said...

et vous avez presque réussi à placer "véritable électron libre de la scène musicale", mais non, c'est raté.

- 1000 points

dommage c'était un bel essai sinon

Anonymous said...

Je trouve que "attitude résolument déjantée, entre arrogance et confusion auto-destructrice" correspond très bien à l'interview d'Iggy Pop que vous proposez en lien, cheesecake. Merci pour le YouTube.

+20.000

Anonymous said...

"ils auront laissé derrière eux plus qu'une trace.

Quelque chose comme un héritage..."

Je ne sais pas pourquoi mais ça, ça me parle...

+ 100 points

Anonymous said...

Vous êtes tous très aimables.