Wednesday, September 06, 2006


Fais pas ton Jean Gabin!

"Ils"; de Xavier Palud et David Moreau.

Un couple de jeunes français installés dans une grande maison isolée de la banlieue de Bucarest...
Un soir, alors qu'une pluie battante fait rage à l'extérieur, d'étranges phénomènes commencent à se produire. Des voix lointaines au téléphone, des bruits derrière les volets. Bientôt, c'est sûr, le couple n'est plus seul... De mystérieux agresseurs font le siège de leur demeure...

Curieux objet que celui-là…
Sorte de "Blair Witch Project" meets "Delivrance" à la française (mais tourné en Roumanie).
Ou "Les Carpates ont des Yeux", si vous préférez...

Résultat?

Un film hybride, limite bâtard. Comme souvent les séries B made in France.

Un décor original mais surutilisé: vingt minutes de télés qui grésillent et de gros plans sur des poignées de portes... Oui, bon. Et si on passait à autre chose?

Des choix esthétiques couillus mais éprouvants: tout filmer caméra à l'épaule c'est courir le risque de provoquer la nausée, voire la gerbe. Le montage au hachoir n'arrange rien. Gros travail sur le son et la photo (crapoteuse et inventive) néanmoins.

Une ambiance glauquissime mais un recours trop systématique aux effets faciles: Boum, la porte! Bang, les volets! Flash, les phares! Mwaaaw, le baillement!

Deux points tout à fait positifs quand même:

-Un couple d'acteur solides auxquels il est possible de s'identifier: Michael Cohen, sorte d'Edouard Baer en plus jeune et vaguement plus viril et Olivia Bonamy, toujours sympathique surtout quand elle cours dans la forêt en remuant du popotin, recouverte de sueur et d'écchymoses.

-L'utilisation habile d'archétypes de la terreur "au quotidien": les inconnus dans la maison et la forêt la nuit, par exemple. Chais pas pour vous, mais chez moi ça marche. Trouillomètre à zéro assuré.

Ajoutons à ça le suspense habilement entretenu quant à l'identité des agresseurs et le refus de tout surenchère dans le gros gore inutile et on obtient un honnête survival comme on en faisait dans les années '70. Bancal mais attachant...

Reste le rebondissement final, glauque et perturbant, qui vaut son pesant de violettes, surtout quand on prend en considération la fameuse tagline "inspiré de faits réels".

C'est lui qui fait la force et l'intérêt du film, installant un malaise durable, qui devrait poursuivre le spectateur lambda, habitué aux films d'horreur "classiques" longtemps après la fin de la projection.

En nous plaçant en quelque sorte dans une position de voyeur, il finit par nous poser des questions sur nous même et notre rapport à la violence.

Plus chiadé que ça en à l'air et finalement pas anodin.

Reste à savoir, après "Hostel", quel sera l'impact d'un film pareil sur le tourisme en Europe de l'Est...

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