Wednesday, September 13, 2006


Fais pas ton Jean Gabin!

"Isolation"; de Billy O'Brien.

Dans une ferme isolée quelque part dans le trou-du-cul de l'Irlande, Dan, fermier solitaire doit assister l'une de ses vaches qui s'apprête à mettre bas. Mais Dan n'est pas QUE solitaire, il est aussi fauché et son entreprise est au bord de la faillite. Pour gagner un peu d'argent il a accepté qu'un laboratoire de biotechnologie soumette son bétail à de mystérieux tests de fécondation. Ouh la la, que tout cela va mal tourner.

Et voilà! Personne n'en rêvait, ils l'ont fait: "Alien à la ferme"!

L'entreprise agricole remplace le vaisseau spatial mais à part ça tout y est: la créature qui sert d'intermédiaire entre le monstre et ses victimes (ici un veau à crocs!), le parasitage, l'incubation dans un être vivant dont il s'extirpe violemment une fois parvenu à maturité, la bête qui grandit à toute vitesse et même une course-poursuite en dessous d'un plancher en lieu et place des conduits d'aération.

Le film est irlandais, donc tourné à l'économie: 5 acteurs, 3 vaches, 1 décor, des effets spéciaux à base de tripoux et patates pour tout le monde à la cantine le midi...

Et ça marche!

A des années-lumières des grosses production américaines, le film tire parti de ses limites, installant le suspense et l'angoisse grâce à des choses anodines: la lumière, la ferme, les vaches, un plan sur un tracteur, une étable...

L'horreur est essentiellement organique et le résultat plus crade que gore. On baigne en permanence dans le nauséeux: sang, tripes, excréments, fluides divers... Dans le style, la scène de la mare-à-purin se pose même en modèle du genre...

Le scénario est basique mais le sous-texte brasse large; conviant tour à tour, OGM, manipulations génétiques, isolationisme économique, excès des directives européennes* ou drame des PME écrasées par les multinationales dans un grand melting-pot altermondialiste complètement cintré.

Très soigné visuellement (bien qu'ici aussi on abuse un peu de la caméra portée et du montage hystérique), original dans son sujet et dans son traitement, le film tire sa force de ce que l'horreur surgisse de la banalité. Et arrive à rendre presque crédible son histoire de veau mutant mangeur d'homme, ce qui est déja un exploit en soi!

Bref, après un démarrage un peu lent et une mise en place laborieuse, "Isolation" se construit sur une efficace montée de la terreur qui culmine dans un affrontement final classique mais plutôt couillu. Dommage d'ailleurs que ce soit pour déboucher sur un épilogue aussi stupidement téléphoné.

On sort néanmoins de là avec l'impression d'avoir vu quelque chose de différent, de plus original et de plus malin que la moyenne. Une solide série B de SF roublarde, qui a au moins le mérite de ne pas prendre ses spectateurs pour des cons.

Et puis on repense: "veaux mutants"!

Et on rit.

Meuh!

*(spéciale dédicace à dav).



1 comment:

Anonymous said...

Merci,
Suis très touché