Tuesday, September 19, 2006



Punk pas mort: les 10 indispensables.

(ou And now, for something completely different...)

3.10. Dead Kennedys "Fresh Fruits for Rotting Vegetables".

Il y a des disques qui changent des vies. Il en est même qui en sauvent. "Fresh Fruits for Rotting Vegetables", le premier album des Dead Kennedys est de ceux-là.
S'il n'avait pas été là, j'aurais probablement fini assureur ou banquier.
Grâce à lui - et à quelques autres - j'ai découvert le punk et je me suis rendu compte qu'il y avait peut-être une autre vie, un autre monde, quelque part*...

Evidemment, c'est l'album de deux morceaux mythiques: "California über Alles", véhémente critique de la politique ultra libérale du gouverneur de Californie Jerry Brown et "Holiday in Cambodia", charge à peine voilée contre une certaine classe de yuppies/fils-à-papa, symboles de l'Amérique reaganienne.

Bien entendu, il appele au scandale avec des titres aussi clairement cyniques que "Kill the Poor", "Let's Lynch the Landlord" ou "Stealing People's Mail".

Bien sûr, c'est un disque sombre et torturé, comme l'indiquent ces chansons noires et désabusées que sont "Drug Me" ou "Chemical Warfare"...

Et oui ça choque, ça provoque, ça dérange, ça bouscule et ça gratte. Et puis ça hante... Oh, oui! ça hante...

Ouais, "Fresh Fruits..." c'est tout ça. Et c'est bien plus encore.

C'est la voix de canard cinglé de Jello Biafra, probablement l'un des meilleurs chanteurs au monde dans sa catégorie.
Ce sont aussi ses textes, politiquement abrasifs, drôles, corrosifs, déglingués!

C'est la guitare d'East Bay Ray, sorte de mitraillette surf et suraïgue en dehors de tous les canons du genre.

C'est la rythmique complexe amenée par le bassiste Klaüs Flouride et soutenue par la batterie quasi jazz du mystérieux "Ted" (remplacé plus tard par DH Peligro).

C'est un son venu d'ailleurs; aux antipodes de ce qui se faisait à l'époque et encore inégalé aujourd'hui.

C'est la naissance du hardcore-punk américain, ni plus ni moins. La pierre angulaire d'un style qui amènera une génération de suiveurs.

C'est aussi une attitude, un comportement, un engagement de tous les instants. Sans compromis. Sans tièdeur. Qui amènera d'ailleurs Jello Biafra à briguer le poste de maire de San Francisco et... à terminer à la quatrième place!

C'était aussi, pour nous, au milieu de pogos rageurs, l'occasion de se dire qu'on faisait partie de quelque chose. L'impression naïve qu'on pouvait tout casser, puis tout reconstruire. Qu'on existait, aussi...

Certes, il y en a eu d'autres. Et des bons. "Bedtime for Democracy", "Frankenchrist**"... Des EP's aussi, comme "In God We Trust, Inc.". Des singles incendiaires ou rigolards, comme "Too Drunk to Fuck" ou "Nazi Punks Fuck Off"...

Et puis il y eu d'autres groupes, bien sûr. Et d'autres musiques...

Mais rien, jamais, n'arrivera à la cheville de "Fresh Fruits for Rotting Vegetables".

L'album qui a changé ma vie.



*(pas qu'aujourd'hui je pose des bombes ou je milite pour Attac, non plus, hein. Mais bon, on se comprend).

**(et son célèbre poster "Penis Landscape" dû au talent de l'artiste suisse Giger (celui de "Alien", oui) qui leur valu un procès).

2 comments:

Anonymous said...

"*(pas qu'aujourd'hui je pose des bombes ou je milite pour Attac, non plus, hein."
Ah bon?

Anonymous said...

Comme je te le dis, Louis.

Note que je pourrais poser des bombes CHEZ Attac. Mais ça c'est une autre histoire...