Monday, September 04, 2006
Punk pas mort: les 10 indispensables.
(ou And Now for Something Completely Different...)
2.10. The Stranglers "Black and White".
En 1978, lors du lancement de "Black and White", les Stranglers avaient convié les journalistes à une conférence de presse en... Islande!
L'excursion fût mémorable, entre les séances de photographie dans des drakkars ou sur des geysers, J.J. Burnel insultant comme à son habitude l'assemblée ou un concert à Reykjavik où - selon eux - étaient présents à peu près 60% de la population mâle locale et où le jeu à la mode consistait semble-t-il à se fracasser des bouteilles sur le crâne...
Le plus cocasse dans l'affaire est la mésaventure survenue à l'un des plumitifs dans le bus qui ramenait les participants à l'aéroport. Extêmement snob et sûr de lui, il décida de défier Burnel dans un concours de "binge drinking".
Mal lui en pris, puisque, non seulement il fût battu à plate couture mais les Stranglers profitèrent de son ébriété déjà bien avancée pour l'achever en lui forçant une bouteille de Vat '69 dans le gosier.
La pauvre épave fût ensuite placée dans un fauteuil roulant et abandonné dans l'aéroport où il reprit ses esprits bien des heures plus tard.
Sa valise, dans laquelle se trouvait son passeport était quant à elle déjà en route pour l'Angleterre. Il fût donc contraint et forcé de rester plusieurs jours supplémentaires en Islande, le temps pour son ambassade de lui fournir de nouveaux papiers.
La légende veut que sa mésaventure lui coûta son job et qu'on le recroisa, des années plus tard, sur une plage de Brighton, transformé en véritable clochard.
"Les Stranglers m'a tué" en quelque sorte...
Mais pourquoi est-ce que je vous raconte cette anecdote, me direz-vous?
Eh bien parce qu'elle coupe court à toutes véléités de considérer les Stranglers comme n'étant pas un groupe punk.
Car en effet, si le groupe se démarqua bien vite de la meute des crêtards estampillés '77 par sa volonté de produire une musique plus complexe et plus recherchée que la plupart, il avait surtout ce qui manquait à pas mal de ses collègues contemporains: L'ATTITUDE!
Et c'est ça qui - toujours - à fait la différence entre la bande à Burnel et une cohorte de suiveurs mal dégrossis que la bienscéance m'interdit de citer ici.
Bien! Mais alors, pourquoi "Black and White"?
Pourquoi pas "Rattus Norvegicus" ou "No More Heroes" (bien plus punks!) ou encore "The Raven" (au contraire bien plus pop!)?
Justement parce qu'il se trouve à la charnière entre ces deux extrèmes de la carrière du groupe. Plus ouvert à l'expérimentation, moins rugueux et surtout moins brouillon que ses prédécesseurs, "Black and White" contient néanmoins suffisamment d'énergie punk et de folie rock'n'roll que pour être considéré comme indispensable.
Conçu initialement pour être divisé en deux faces, une noire et une blanche, chantée l'une par Hugh Cornwell, l'autre par J.J. Burnel, l'album traverse un genre étonnamment varié de styles (de l'ovni post-reggae "Nice'n'Sleazy" à l'épique "Toiler on the Sea") marqués par la basse-bombardier de J.J. et les nappes de clavier de Dave Greenfield, le Ray Manzarek punk.
Si un seul des titres peut être réellement rattaché à une conception classique du punk ("Hey! (Rise of the Robots)" avec Lisa Logic de X-Ray Spex au saxophone), l'ensemble est suffisamment agressif, sombre et perturbant, tant dans les thèmes ("Tank") que dans leur exécution que pour rester fidèle à l'image très "rentre-dedans" du groupe.
Les textes, cyniques et empris d'un humour rageur, finissent de conforter l'auditeur dans cette opinion.
Il suffit de savoir que "Sweden", se moquant ouvertement de la Suède ("Sweden, the only country where clouds are interesting") fût distribué en suédois dans le pays concerné pour se faire une idée du niveau de gaudriole de l'affaire.
Et que penser de la célèbre phrase de Burnel dans "Threatened": "give me a piece of my mummy, she was quite close to me"?
Finalement, qu'il me suffise de dire qu'a la réécoute, "Black and White" reste d'une fraîcheur étonnante tout en dressant un tableau assez clair de ce que devait être le paysage musical - et sans doute social - de l'Angleterre de ces années-là.
Comme le résume magnifiquement la traduction du message en morse qui clôture l'album: "Mother Earth, we are fucked!"
Pas drôle, non. Pas drôle.
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